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Un peu de tout

AnniMénagement

Pour ceux qui n’ont pas suivi les épisodes précédents, j’ai déménagé au pays basque, il y a maintenant un an. Je l’avais déjà évoqué là. Il y a quelques jours Marie Guillaumet faisait le point sur sa première année en Bretagne. Alors je vais en faire autant, dans la mesure du possible en abordant quelques points un peu dans le désordre.

« Tu as bien de la chance »

Déjà une des phrases que j’ai entendue régulièrement cette année, c’est « Tu as bien de la chance d’habiter au pays basque ! » Et bien non, ce n’est pas la chance. C’est une décision à prendre que celle de déménager. La chance n’a rien à voir. Il y a certes des motivations et des choses qui font que la situation antérieure vient de moins en moins acceptable. Ce n’est pas forcément des éléments importants, pour moi c’était simplement les retours de vacances et la dernière heure de route, devenu un cauchemar, entre Rambouillet et Versailles qui traverse des zones commerciales et d’entrepôts. Ça me gâchait les vacances et j’avais de plus en plus de mal à faire cette route.

Mais après cela, il faut juste sortir de sa pseudo-zone de confort et faire en sorte que le changement arrive, mais ça ne tombe pas du ciel.

Les petits avantages et inconvénients

Le pays basque présente quelques avantages notables en termes de qualité de vie : le soleil, la montagne, la mer, la bouffe et bien des choses. Il faut voir aussi que le rythme de vie est largement moins stressant qu’en région parisienne. Les temps de transports vers le travail sont souvent réduits et la pression sociale est bien moindre. Quand je dis pression sociale, c’est que les 4X4 servent effectivement à rouler sur des chemins défoncés et pas à frimer à la sortie de l’école.

Bien sûr pas de vagues de pollutions, l’eau du robinet est de l’eau de source non traitée, ni filtrée ce qui a tendance à boucher les filtres des robinets en cas de fortes pluies (ce qui n’arrive jamais ou presque). Les seuls embouteillages sont dus à un tracteur, un troupeau de vaches ou de moutons sur la route. On oublie les routes droites, il faut réapprendre à conduire notamment à moto. Il faut un peu anticiper, prendre le rythme pour pencher correctement la moto dans les virages, lire la route pour éviter les zones glissantes à l’ombre ou à la sortie d’un champ. Conduire de nuit, sans aucune lumière si ce n’est les phares de la moto, c’est bête mais en région parisienne, il y a toujours un éclairage.

En parlant de ça, l’éclairage s’éteint la nuit dans le village, pour se rallumer un petit matin. C’est tout simple mais ça fait des économies et ça évite d’éclairer la lune.

Dans la liste des détails qui changent les choses, il y a la cantine des enfants. Les menus sont réalisés sur place avec des produits locaux, pour une partie en culture bio (et non par une entreprise dans une cuisine centrale). Résultat, après un sondage auprès de 4 enfants représentatifs de ma population : « c’est bon ! » et ça leur évite de se goinfrer au goûter.

Travailler à distance

Une partie de mon travail se fait à distance, c’était déjà le cas avant de déménager et c’est toujours le cas. Ce n’est pas une vraie nouveauté donc. La seule différence c’est que je ne peux pas faire de mission « en régie » mais la dernière, c’était moyennement passé. J’avais de toute manière décidé de ne plus en faire.

La distance peut effrayer certains clients, mais je dirai c’est un mal pour un bien. Si le client n’est pas capable de travailler à distance, c’est probablement qu’il n’est pas capable de travail un Free-Lance et donc va le considérer comme un simple salarié qu’il doit voir pour penser qu’il travaille.

Certains diront qu’il n’est pas possible de travailler à distance, pour plein de mauvaises raisons « Oui, mais dans notre cas, il faut être là pour échanger constamment » Non, c’est juste que vous ne savez pas communiquer et travailler de manières coordonnées. Pour donner un exemple, avec FLUPA, on organise une conférence de deux jours et on fait tourner l’association à distance sans quasiment se voir.

La contrainte c’est qu’il faut que je me déplace pour certaines activités, comme les tests utilisateurs, les observations et certaines réunions. Mais c’était déjà le cas avant en particulier pour les observations d’utilisateurs in situ.

Coworking

Sans doute le point plus important en termes de travail, en arrivant au pays basque, j’ai contacté un espace de coworking. Il faut noter que sur Paris, je ne les fréquentais qu’à l’occasion des événements. J’ai commencé à travailler en Free-Lance, le coworking n’existait pas et j’ai clairement laissé passer l’opportunité d’y travailler quand ils se sont développés. Donc là, je n’ai pas refait la même erreur.

Sur le pays basque, les espaces de coworking sont naissants, celui où je vais existe depuis près de 2 ans et demi sur Biarritz. Il y en a un autre qui s’est créé en début d’année sur Bayonne, les deux se développent à vitesse grand V. Pour donnée, une idée le nombre de coworker a été multiplié par 3 en 9 mois depuis qu’on a changé d’espace pour un plus grand. Mais avant tout le coworking m’a permis de rencontrer du monde, de ne pas être totalement perdu en arrivant et de pouvoir échanger avec d’autres Free-Lance qui travaillent dans domaines bien différents. Le coworking pays basque a aussi une structure associative, participative qui permet à chacun de s’impliquer à la hauteur de ses envies. J’ai aussi commencé à découvrir toutes les initiatives autour des tiers lieux qui sont faites en dehors des circuits classiques des entreprises ou des services publics. Ça m’a permis aussi de comprendre un peu l’écosystème des entreprises au pays basque et d’identifier les actions que je pourrai faire pour trouver des missions plus locales.

Créativité et découverte

Il y a quelques années je faisais régulièrement de la photo argentique, surtout du noir et blanc, souvent de nuit. Le noir et blanc est une approche assez particulière de la photo, car il faut interpréter ce qu’on voit en couleur, analyser l’ombre et la lumière et projeté ce que ça donner au final. Avec le temps, l’arrivé du numérique, j’avais laissé de côté la photo. En plus le poids d’un appareil reflex me rebutait pour le transporter régulièrement. J’ai bien acheté un petit compact pro qui fait bien son boulot, mais je n’avais pas trop de sujets, de thèmes à photographier. Mon iPhone est aussi un appareil photo très acceptable pour tous les jours et pour les photos avec filtres.

L’arrivé au pays basque m’a donné envie de faire découvrir cette région. Ça a commencé par une boutade, sur twitter, avec « non rien… » et une photo presque chaque jour. C’était suivi de quelques réactions de « jalousie ». J’ai alors créé un petit site afin de publier régulièrement ces photos.

En plus de cela, j’ai investi dans un appareil photo hybride, un Leica T. L’avantage principal de ce type d’appareil est que le boîtier est léger et seul l’optique compte vraiment. Certes certaines optiques sont relativement lourdes, mais globalement c’est deux fois plus léger qu’un reflex « normal ». Il se trouve en plus que l’interface du Leica t est bien conçue, ce qui ne gâche rien au plaisir. Tout ça pour dire, ça a été l’occasion de retrouver le plaisir de faire la photo.

Dans les découvertes faites, il y a aussi tout un pan de la culture basque que je ne connaissais pas. J’ai commencé à prendre des cours de basque, oui, car ici le basque est une langue vivante. Pour donner un exemple, la plupart de mes voisins le parlent, ainsi que leurs enfants qui vont à l’ikastola (école en langue basque). Le nombre d’événements culturel ou simplement associatif, impliquant la culture basque est juste impressionnant. Peu après que je sois arrivé, la fête organisée dans le village de 800 habitants où je vis a impliqué 120 personnes pendant 9 mois, pour faire un spectacle qui a attiré plus d’un millier de personnes et 3 jours festivités. Pour en revenir au basque, et malgré le dicton qui dit que le diable n’a jamais pu l’apprendre et donc tenter les basques, je trouve cela relativement facile même si la structure est très différente des langues latines. Une fois qu’on a compris comment ça marche, ce n’est pas bien compliqué, il faut « juste » apprendre du vocabulaire… « juste » du vocabulaire. Pour tout vous dire, je sais pourquoi ça me semble facile. Je suis dyslexique. Une langue comme l’anglais où les phonèmes sont très différents des graphèmes est juste une horreur. Le basque est une langue orale retranscrite à l’écrit, donc sans différence entre l’oral et l’écrit. Et ça, ça me change la vie.

SNCF, Paris et autre déplacement

Comme la majorité de mes clients restent sur Paris et que j’y donne des cours, je fais des allers et retours environ toutes les deux semaines entre Bayonne et Paris. J’ai la chance de loger chez ma sœur sur Paris. Le train à l’avantage sur l’avion d’avoir un prix fixe, ou à peu près, mais aussi de permettre de travailler pendant le trajet. Par contre, il faut prévoir que les retards sont possibles et pas exceptionnels contrairement à ce que veut nous faire croire la SNCF. L’autre avantage du train est aussi d’avoir un bilan carbone correcte, même si je sais bien comment est produite l’électricité en France.

Ces déplacements sont « conformes » à ce que j’avais prévu, mais ça reste relativement lourd à gérer, surtout dans les périodes de travail intenses quand d’autres déplacements viennent s’accumuler comme en juin avec des conférences à Nantes et Strasbourg.

Argent, logement et autres détails

Si nous (ma femme, mes enfants et moi) avons déménagé au pays basque, c’était principalement pour gagner en qualité de vie et l’opération est réussie. Ils nous seraient impossibles de revenir en arrière et retourner sur la région parisienne. Le loyer de notre logement a été divisé par 2 et des poussières passant de 1 900 € à 720 € pour une surface un peu supérieure. C’est aussi un facteur permettant de diminuer le stress de devoir payer le loyer tous les mois, sur un an c’est 14 000 € de moins à sortir par an. Mes finances s’en portent d’autant mieux. La prochaine étape est de trouver une grande maison à la place d’une location !

En parlant argent, la liste de ce qui coûte moins cher est presque infinie :

  • L’école privée, une année ici coûte un trimestre en région parisienne et il n’y a pas « bonus » genre la sortie à 50 €.
  • La bouffe, pour une qualité bien meilleure, et un prix deux à trois fois inférieur aussi bien au restaurant que dans les commerces. En plus, le boulanger fait vraiment du bon pain au levain, farine t80 ou épeautre. J’ai donc arrêté d’en faire.
  • Les assurances,Les sports : équitation, piscine, …

Petit détail amusant, j’ai dû refaire ma carte d’identité et même temps j’ai fait une prestation sur les services de la Mairie de Paris dans laquelle j’étudiais cette procédure. La version pays basque est largement plus simple que la version parisienne. Là, ça a du prendre 5 minutes maximum, sachant la secrétaire de mairie me connaît plus ou moins, et a identifié dans quelle maison j’habitais. On ne se fait pas la bise mais ce n’est pas loin. La version parisienne était largement moins conviviale et bien plus longue.

Alors, la suite ?

Je ne vais pas prédire ce que ça l’avenir, mais je vais probablement chercher à avoir plus de travail à proximité. La proximité va de Bordeaux à Toulouse. Mais ça passera peut-être aussi par développer une activité différente plus locale afin de réduire les déplacements.